Le travail avec la compagnie Troubleyn, le travail avec Jan Fabre, Jan Fabre lui-même, me manquent.
Lorsque nous sortons de Troubleyn, je dis « nous » volontairement, nous sommes membres d’une « famille ».
Ce mot peut revêtir un sens péjoratif comme réjouissant en fonction du vécu de chacun.
Car comme dans toute famille, Troubleyn a posé un cadre dans lequel nous vivons nos expériences, nous testons nos limites, nous questionnons l’autorité tout autant que nos identités ; comme dans toute famille, nous osons ou non. Et cette grande famille porte aussi son lot de contradictions, de fractures, de tiraillements, de passions.
Cette famille « symbolique », « métaphorique », à laquelle nous appartenons, nous l’avons choisie. Et elle nous a choisis. Et nous sommes libres, toujours, d’y être, d’y revenir, ou d’en sortir.
Au sein de Troubleyn j’ai trouvé l’approfondissement, l’esprit critique, les fondements de la création. La réflexion et l’analyse. Le foisonnement et le jaillissement. La remise en question des principes, la recherche des essences, les sensations et la sensualité. Des systèmes, des définitions, des perceptions multiples, des leviers, des repoussoirs, des prises de risque. Des encouragements et de l’humour. Et surtout, surtout le respect d’une liberté d’être, fondamentale, et en mouvement.
Toutes choses qui font cruellement défaut de nos jours dans l’espace public.
Oui, Troubleyn me manque. Jan Fabre me manque. Car c’est leur façon d’être au monde et à la vie qui fait écho à la mienne. Et que j’aime tant.