(Avignon- Cour d’Honneur, l’Histoire des Larmes 2005, introduction du spectacle) Jan Fabre a appris à regarder les visages comme on regarde un paysage ou un espace. Chez lui, les gestes physiques sont soumis à la durée, à l’usure du temps, qu’en est-il des larmes et de leur signification, de leur éloquence? Dans ce sillon, dans l’intimité du silence et des affections, l’artiste anversois renoue avec un sentiment profond, le besoin de consolation.

J’ai travaillé avec Jan Fabre sur ‘l’Histoire des Larmes’. C’était la première fois que l’on travaillait ensemble, j’étais heureux de pouvoir travailler avec quelqu’un dont je trouvais l’œuvre plus qu’ intéressante. Nous étions une vingtaine, femmes et hommes, on avait 2 ou 3 mois de répétition à Anvers, avant le départ pour Avignon. C’était bien, une grande salle, un espace comme la ‘Cour d’Honneur’. Le travail était dur mais puissant, enrichissant. Jan cherchait, trouvait, ne trouvait pas, demandait, commandait, exigeait, discutait, parlait, mais toujours correct, humain. Le résultat est le résultat et parfois c’est bien, parfois il faut tout refaire. C’est comme ça. En Avignon, pour Fabre, c’était la 5è ou la 6è fois qu’il était là. Le public était content ou pas mais intéressé.
Pour moi, c’était une confrontation de la vie avec la vie. Pendant la période des répétitions et des représentations, il y a toujours eu une volonté de recherche, une présence d’énergie, tout le monde était dans le spectacle. Je pense que le travail que nous avons fourni était bien, un discours valable, un texte d’aujourd’hui, de maintenant. De la naissance à la mort, voilà le discours et dans ce parcours il y a parfois des tensions, des choses difficiles à digérer, comme la vie. Je m’estime heureux d’avoir pu participer à ce travail, travail dont le théâtre, nous, avons besoin, plus que besoin.
François Beukelaers